<45>rait à la lui faire; il travailla ensuite aux dispositions nécessaires pour mettre les troupes en mouvement. Pour cette année, la Prusse n'avait rien à craindre de la part de la Russie, par les raisons que nous avons rapportées plus haut; de sorte que le maréchal Lehwaldt se contenta de rassembler aux environs de Königsberg les troupes qu'il avait sous ses ordres, afin de les avoir à portée, et de pouvoir les mettre en campagne, si les circonstances l'exigeaient.

Le Roi se proposa d'attaquer les Autrichiens avec deux armées : le maréchal Schwerin, qui reçut le commandement de celle de Silésie, devait pénétrer dans le cercle de Königingrätz; l'autre, qui devait agir contre les Saxons et les Autrichiens en même temps, devant être naturellement la plus forte, fut formée des régiments de la Poméranie, de l'Électorat, du duché de Magdebourg, et des provinces de la Westphalie : le Roi voulut la commander en personne. Son dessein était d'entrer en Saxe sur plusieurs colonnes en même temps, ou pour désarmer les troupes, si on les trouvait répandues dans leurs quartiers, ou pour les combattre, si on les trouvait rassemblées en corps, afin de ne point garder un ennemi à dos en avançant en Bohême, et s'exposer à une perfidie semblable à celle que les Saxons firent aux Prussiens l'année 1744. Le Roi se trouvait autorisé à cette démarche par l'expérience du passé, par les engagements où les Saxons étaient avec la maison d'Autriche, enfin, par leurs mauvaises intentions, qui se manifestaient dans les dépêches de tous leurs ministres, que le Roi avait en main : ainsi, des raisons tirées du droit, de la politique et de la guerre, appuyaient et justifiaient sa conduite. Il fut en même temps résolu de gagner, cette première campagne, le plus de terrain qu'on pourrait, pour mieux couvrir les États du Roi, et en éloigner la guerre le plus qu'il serait possible, et enfin, d'établir l'état de la guerre en Bohême, pour peu que cela parût faisable. Telles furent les dispositions générales qu'opposa le Roi à la ligue des plus grandes puissances de l'Europe, qui allaient l'assaillir; bientôt