<275> quelles sont ses intentions et ses véritables prétentions. Cependant plusieurs journées se sont écoulées, sans que je sois éclairci sur cet article. Il n'aurait tenu qu'à moi de me retirer avec mon armée en Bohême, pour la mettre en sûreté; j'aurais aussi pu prêter l'oreille à diverses propositions que j'ai toujours rejetées. Malgré cela, j'ai persisté de demeurer ici, dans la ferme persuasion où j'étais que les conditions que Votre Majesté pourrait exiger de moi, seraient toujours conformes à la paix qui règne entre nous, et aux assurances d'amitié dont ses lettres sont remplies, et suivant lesquelles elle demande simplement une sûreté suffisante que je n'entreprendrai rien contre elle, et que je lui céderai le libre usage de l'Elbe. Je m'offre d'accorder à Votre Majesté ces deux points, avec toutes les assurances qu'elle pourra convenablement exiger de moi; mais il est temps de s'expliquer clairement là-dessus; et c'est à cette fin que j'envoie le comte de Bellegarde, mon lieutenant-général et gouverneur de mon prince, qui aura l'honneur de présenter cette lettre à Votre Majesté. Je la prie de se découvrir à lui de façon à pouvoir établir une parfaite harmonie entre nous. Votre Majesté peut être persuadée que j'y contribuerai autant qu'il me sera possible : mais aussi toute prétention outrée ne saurait que me pousser à bout, et mon armée est bien disposée à sacrifier, en cas d'attaque, jusqu'à la dernière goutte de son sang.