<256>tune, toutes les voies lui furent égales pour y parvenir; mais aussitôt qu'il se vit établi, il songea à se maintenir dans ses emplois en se conduisant par des principes moins variables, et plus conformes aux intérêts permanents de l'État. Ses vues se tournèrent toutes du côté de la paix, pour terminer, d'une part, une guerre dont il ne prévoyait que des désavantages, et d'une autre, pour tirer sa nation d'une alliance contraire et forcée, dont la France portait le fardeau, et dont la maison d'Autriche devait seule retirer tout le fruit et tout l'avantage. Il s'adressa à l'Angleterre par des voies sourdes et secrètes, il y entama une négociation pour la paix; mais la marquise de Pompadour étant d'un sentiment contraire, il se vit aussitôt arrêté dans ses mesures. Ses actions imprudentes l'élevèrent, ses vues sages le perdirent; il fut disgracié pour avoir parlé de paix, et envoyé en exil dans l'évêché d'Aire.a M. de Choiseul, Lorrain de nation, ambassadeur de France à la cour de Vienne, fils de M. de Stainville, ambassadeur de l'Empereur à Paris, devint ministre des affaires étrangères dans la place du cardinal disgracié. Il signala son entrée dans le ministère par un nouveau traité d'alliance qu'il conclut avec la cour de Vienne, dont nous donnons la copie à la fin de ce chapitre, pour ne point interrompre ce tableau général que nous faisons au lecteur. En le parcourant, vous vous apercevrez de l'ascendant que la cour de Vienne avait pris sur la cour de Versailles, qui alla encore depuis en augmentant. M. de Choiseul, non content du traité désavantageux qu'il venait de conclure avec l'Impératrice-Reine, ordonna au nom du Roi à l'Académie des inscriptions de frapper une médaille pour éterniser cet événement.

Ces deux cours ne s'en tinrent pas là; elles employèrent leur commun crédit à la cour de Pétersbourg pour ranimer la haine de l'impératrice Élisabeth contre le roi de Prusse; elles lui représentèrent


a Dans l'abbaye de Saint-Médard, à Soissons.