<237> les ressorts eussent bien joué ensemble; mais il arrive d'ordinaire que de semblables projets ne réussissent qu'en partie : Loudon perdit cependant au delà de cinq cents hommes dans cette affaire; il se sauva par le bois, et occupa les monticules de Hartha, où il campa sous la protection du canon du maréchal Daun.

Quoique les Prussiens eussent de petits avantages, rien n'était néanmoins décidé pour les grandes choses. Un objet principal, dans les circonstances où se trouvaient les armées, c'était d'éloigner l'armée impériale des bords de l'Elbe. Il était difficile d'y réussir autrement qu'en lui donnant des jalousies sur les convois qu'elle tirait de Zittau, afin d'obliger le maréchal Daun à faire les mouvements qu'on désirait. Le Roi quitta son camp de Schönfeld, et se porta avec son armée sur Rammenau; par cette position, les Prussiens s'approchaient du flanc de l'ennemi, et pour lui causer plus d'inquiétude, M. de Retzow se rendit à Bautzen, et s'y établit avec son corps. Loudon occupait encore vis-à-vis de notre gauche, proche de Bischofswerda, une hauteur dont il fut résolu de se rendre maître. Pour cet effet, le prince de Würtemberg tourna les Autrichiens à dos, et le Roi se présenta sur leur front. M. Loudon n'attendit point que l'affaire s'engageât, mais il se replia en grande confusion au delà de Bischofswerda; nous occupâmes son camp et la ville. Le maréchal Daun craignit à son tour que la position des Prussiens ne lui portât préjudice; il avait renoncé dans ce moment aux projets qu'il avait formés sur l'armée du prince Henri; il fut obligé de se rapprocher de ses vivres, et se proposa en même temps de se choisir un terrain assez avantageux, par lequel il pût couper les Prussiens de la Silésie, pour donner à M. de Harsch le temps d'assiéger et de prendre Neisse.

Ce fut enfin le 5 d'octobre que le maréchal abandonna les environs de l'Elbe, et que, passant par Kruste et Neukirch, il se campa, à Kittlitz, sur les hauteurs de Löbau jusqu'au Stromberg. Le prince de Durlach fut posté, avec sa réserve, de Reichenbach et Arnsdorf vers