<191> en Pologne, au cas qu'elle l'eût voulu tenter. On se prépara à faire le siége de la ville : le Roi tira les munitions, les canons, les mortiers dont on avait besoin, des forteresses de Brieg et de Neisse. Ces préparatifs étant achevés le 10, six bataillons prirent possession du faubourg d'Ohlau; ces troupes s'établirent au couvent des frères de la Miséricorde, dont ils chassèrent les pandours. M. de Forcadea s'établit au cimetière de Saint-Maurice, où l'on construisit une batterie sous l'abri des murailles qui couvraient les travailleurs; et pour distraire l'attention du commandant et de la garnison, le prince Ferdinand de Prusse établit au faubourg de Saint-Nicolas une batterie et un bout de tranchée, qui firent croire à l'ennemi que c'était de ce côté-là que les Prussiens voulaient pousser leurs attaques, tandis que M. de Balbib faisait sa parallèle du cimetière de Saint-Maurice jusque vis-à-vis de la porte de Schweidnitz; de cette parallèle, deux grandes batteries en croisière dirigeaient leur feu sur le Taschenbastion et sur le cavalier qui le commande. Les assiégés se défendirent mollement; ils tentèrent par le faubourg polonais, du côté de M. de Wied, une faible sortie, où ils perdirent trois cents hommes. Le 16, une bombe mit par hasard le feu au magasin de poudre du Taschenbastion; l'épaule sauta, et ses décombres formèrent une espèce de brèche. Le froid devint si violent, que le commandant craignit que malgré ses précautions, les fossés étant gelés, les Prussiens ne donnassent un assaut à la place; il craignit d'être pris d'emblée : il savait d'ailleurs que, l'armée impériale étant rechassée en Bohême, il n'avait aucun secours à en attendre. Ces différentes considérations le portèrent à capituler, et il se rendit lui et toute sa garnison prisonniers de guerre; il se trouva que quatorze mille hommes en avaient assiégé


a Frédéric-Guillaume-Quirin de Forcade de Biaix, né à Berlin en 1699, devint lieutenant-général d'infanterie le 10 février 1757.

b Jean-Frédéric de Balbi, colonel et chef des ingénieurs, mourut à Berlin en 1779, âgé de soixante et dix-neuf ans.