<190> Son armée était forte de trente-trois mille hommes lorsqu'elle entra en action avec celle des Impériaux, qu'on disait monter à soixante mille combattants. Si le jour n'eût pas enfin manqué aux Prussiens, cette bataille aurait été la plus décisive de ce siècle.

Les troupes n'eurent pas le temps de se reposer : elles partirent de Lissa qu'il était encore nuit, elles amassèrent en marche nombre de traîneurs des ennemis, et elles arrivèrent vers les dix heures sur les bords de la Lohe, où, malgré une forte arrière-garde, commandée par M. de Serbelloni, postée auprès de Gross-Mochber, dix bataillons passèrent ce ruisseau; on les forma dans un ravin à l'abri du canon des Autrichiens, et l'on embusqua les hussards derrière des villages et des censes, où ils étaient couverts et à portée d'agir aussitôt que cela deviendrait nécessaire. M. de Serbelloni hâta sa retraite autant qu'il put, et se replia vers les deux heures de l'après-midi sur Breslau; M. de Zieten, avec tous les hussards, vingt escadrons de dragons et seize bataillons, le suivit sur le pied. Une partie du monde de l'Autrichien se jeta sans ordre dans Breslau. Cette arrière-garde, pleine de terreur et se retirant en confusion, perdit beaucoup de soldats dans sa marche. M. de Zieten poursuivit l'armée du maréchal Daun par Borau, Reichenbach, Kunzendorf, à Reichenau, où il fut joint par M. de Fouqué, qui venait avec quelques troupes de Glatz. Ces deux généraux poussèrent les Autrichiens jusqu'en Bohême.

Le Roi, de son côté, forma le 7 la circonvallation de Breslau; on prit poste au faubourg de Saint-Nicolas, à Gabitz, aux Lehmgruben, à Hube et Dürrjentsch;a et comme la raison de guerre voulait qu'on enfermât la ville également de l'autre côté de l'Oder, le Roi envoya ordre à M. de Wied, qui avait été malade à Brieg, d'en sortir avec trois bataillons, auxquels on joignit cinq escadrons, pour se poster sur la grande chaussée qui mène de Breslau à Hundsfeld : il s'y retrancha le mieux qu'il put, pour empêcher la garnison de se sauver


a Dürgoy.