<177>ment occasion de parler; et quant à la bataille qu'ils engagèrent si mal à propos, il est certain que M. de Soubise, par son incertitude et par sa disposition, mit de la possibilité à ce qu'une poignée de monde vînt à bout de le vaincre. Mais la manière dont la cour de France distinguait le mérite de ses généraux, parut plus surprenante que le reste : M. d'Estrées, pour avoir gagné la bataille de Hastenbeck, fut rappelé; M. de Soubise, pour avoir perdu celle de Rossbach, fut déclaré peu après maréchal de France. La bataille de Rossbach ne valait proprement au Roi que la liberté d'aller chercher de nouveaux dangers en Silésie. Cette victoire ne devint importante que par l'impression qu'elle fit sur les Français et sur les débris de l'armée du duc de Cumberland. D'un côté, M. de Richelieu, dès qu'il en reçut la nouvelle, quitta son camp de Halberstadt et se retira dans l'électorat de Hanovre; de l'autre, les troupes alliées, prêtes à mettre les armes bas, reprirent courage et relevèrent leurs espérances.

Un changement avantageux, arrivé à peu près en même temps dans le ministère britannique, dont nous parlerons bientôt, donna un nouveau nerf au gouvernement anglais. Ces ministres, honteux de l'affront que la convention de Kloster-Zeven imprimait à leur nation, résolurent avec d'autant plus de justice de la rompre, qu'elle n'avait été ratifiée ni par le roi d'Angleterre ni par le roi de France; ils travaillèrent d'abord à remettre l'armée de Stade en activité. Le roi d'Angleterre, dégoûté du duc de Cumberland, qui avait perdu la confiance des troupes, voulut mettre un autre général à leur tête; il demanda au Roi le prince Ferdinand de Brunswic, dont la réputation justement acquise s'était répandue en Europe : quoique les Prussiens perdissent par son absence un bon général dont ils avaient besoin, il était toutefois si important de relever cette armée des alliés, que le Roi ne put refuser la demande qu'on lui faisait.a Le prince Ferdinand


a Le 9 novembre 1757, le Roi, dans son quartier général de Mersebourg, fit connaître au duc Ferdinand qu'il venait d'être nommé chef de l'armée alliée. Le 20 du même mois, le duc partit de Leipzig pour sa destination. Il arriva à Stade dans la soirée du 23. Voyez Denkwürdigkeiten für die Kriegskunst und Kriegsgeschichte, 6e cahier, p. 1 et 2.
     Ferdinand duc de Brunswic-Wolfenbüttel naquit le 12 janvier 1721. Il avait fait les deux guerres de Silésie presque constamment attaché à la personne du Roi, et s'était fort distingué à la bataille de Soor (t. III, p. 154). Le 29 juin 1740, il devint colonel et chef du régiment d'infanterie no 39; au mois de décembre 1744, commandeur du premier bataillon de la garde, et en 1755, chef du régiment d'infanterie no 5. En 1743, il fut promu au grade de général-major, en 1750, à celui de lieutenant-général; le 6 mars 1758, il devint général de l'infanterie, et le 8 décembre de la même année, feld-maréchal.