<170>mée se trouvant rassemblée, elle alla se camper à Alt-Ranstädt, d'où M. de Retzow fut détaché en avant pour garder le défilé de Rippach. La nuit même, le Roi se mit en marche pour tomber sur les quartiers ennemis dispersés à l'entour de Weissenfels; la plupart se sauvèrent, hors celui de Weissenfels. On attaqua les trois portes de la ville, avec ordre aux officiers de gagner sans délai le pont de la Saale, pour qu'on fût maître de ce passage important. La ville fut forcée, on y prit cinq cents hommes; mais ceux de la garnison qui s'étaient sauvés, avaient mis le feu au pont couvert, qui étant tout de charpente s'embrasa facilement; il n'y eut pas moyen déteindre l'incendie, parce que l'ennemi, embusqué derrière des murs à l'autre bord, faisait un si gros feu de mousqueterie, que tous ceux qui s'empressaient à sauver le pont, étaient tués ou blessés. Bientôt de nouvelles troupes parurent de l'autre côté de la rivière, dont le nombre, allant toujours en grossissant, convainquit de l'impossibilité de tenter le passage de la Saale à cet endroit. Mais comme ce n'était que la tête de l'armée qui était arrivée à Weissenfels, et que la partie la plus considérable des troupes était encore en pleine marche, on leur fit prendre la direction de Mersebourg, dans l'espérance de pouvoir se servir du pont de cette ville.

Lorsque le maréchal Keith y arriva, il trouva que les Français y étaient établis, et que le pont était rompu; il ne balança pas sur le parti qui lui restait à prendre : il prit quelques bataillons, et se rendit à Halle, dont il délogea les Français, et rétablit le pont qu'ils y avaient également détruit. L'armée du Roi se trouvait donc alors avoir sa droite à Halle, son centre vis-à-vis de Mersebourg, et sa gauche à Weissenfels, couverte par la Saale, assurant sa communication derrière cette rivière par des corps détachés, qui veillaient également sur les démarches des ennemis. Le maréchal Keith passa le premier cette rivière proche de Halle; sur ce mouvement, qui ne pouvait être d'aucune conséquence pour les Français, M. de Soubise abandonna