<168> des cercles commençait à s'en retirer, et y firent nombre de prisonniers. La précipitation avec laquelle le prince de Darmstadt abandonna Gotha, pensa devenir funeste à M. de Soubise; il était au château, et ne s'attendait pas à une aussi prompte évacuation; il n'eut que le temps de se jeter à cheval pour s'enfuir bien vite; cent soixante soldats et trois officiers de marque furent pris dans cette journée par les Prussiens. Tout autre officier que M. de Seydlitz se serait applaudi de se tirer de ce mauvais pas sans perte; M. de Seydlitz n'aurait pas été satisfait de lui-même, s'il ne s'en fût pas tiré avec avantage. Cet exemple prouve que la capacité et la résolution d'un général décident plus à la guerre que le nombre des troupes : un homme médiocre qui se fût trouvé dans de pareilles circonstances, découragé par l'appareil imposant des ennemis, se serait retiré à leur approche, et aurait perdu la moitié de son monde dans une affaire d'arrière-garde, que cette cavalerie supérieure aurait engagée au plus vite. Le bon emploi de ce régiment de dragons étendu et montré de loin à l'ennemi procura à M. de Seydlitz le moyen de se tirer avec autant de gloire d'une affaire aussi épineuse.

Le Roi n'avait pu jusqu'alors que tenir les choses en suspens; il ne pouvait rien entreprendre, et devait tout attendre du bénéfice du temps. Il se tint tranquillement à Erfurt, jusqu'à ce qu'il apprit qu'un détachement français de l'armée de Westphalie était en chemin pour se rendre par la Hesse à Langensalza. Comme il ne devait pas attendre l'arrivée de ce corps, qui pouvait lui tomber à dos, il résolut de se retirer avant son approche. Le bruit se répandant d'ailleurs que M. de Hadik traversait la Lusace pour pénétrer dans le Brandebourg, le prince Maurice avait été obligé de gagner Torgau à tire-d'aile; il devait vraisemblablement pousser de là jusqu'à Berlin. Le Roi, n'ayant donc aucun secours à attendre, ne jugea pas à propos de prolonger davantage son séjour à Erfurt, et pour ne rien hasarder mal à propos, il se replia sur l'Eckartsberg; des courriers fréquents