<16> furent généralement repoussées, et la France fut en deuil pour le nombre d'officiers de condition et des plus grandes maisons qui y périrent. Le public, souvent injuste, rempli de préjugés, et apparemment mal instruit, taxa cette entreprise de témérité, qui, n'étant que hardie, aurait réussi, si M. de Belle-Isle eût pu exécuter son projet lorsqu'il le conçut, et si la lenteur des Espagnols ne lui eût pas fait perdre les lauriers qu'il était près de cueillir.

Cependant les Français se dédommageaient en Flandre des mauvais succès qu'ils avaient eus aux Alpes. Le génie du comte de Saxe avait pris de l'ascendant, par lequel il subjuguait tous les ennemis de la France. Ce maréchal ouvrit la campagne en mettant son armée en marche sur plusieurs colonnes. L'une menaçait Luxembourg, l'autre Bois-le-Duc, une autre Venlo; leurs mouvements vinrent se réunir à Mastricht, dont elles formèrent l'investissement, et y mirent le siége.

Quelque brillants que fussent les succès du comte de Saxe, ses triomphes mêmes commençaient à devenir onéreux à la France. On en était à la huitième campagne, et la durée d'une guerre dont les commencements avaient été funestes, épuisait la nation. Toutes les puissances belligérantes commençaient à se lasser de cette guerre, qui ayant souvent changé de cause, n'en avait à la fin aucune. Le moment de la frénésie était passé; elles pensèrent sérieusement à la paix, et entrèrent en négociation : chacune sentait ses plaies secrètes, et avait besoin de tranquillité pour les guérir. Les Anglais craignaient d'augmenter leur dette nationale, chef-d'œuvre du crédit idéal, dont l'abus pronostique une faillite générale. La cour impériale, soutenue des subsides anglais, aurait à la vérité continué la guerre autant que ses alliés lui en auraient fourni les moyens; cependant elle consentit à la paix, afin de ménager ses ressources pour un projet qui lui tenait plus à cœur que la guerre de Flandre. La France se ressentait de ses grandes dépenses; elle avait de plus à craindre que la disette n'occasionnât la famine dans ses provinces méridionales, dont les ports