<134> trouve le village de Sterboholy. Pour rendre plus égal le combat qu'on méditait, il fallait contraindre M. de Browne d'abandonner une partie de ces montagnes et de longer dans la plaine. A cette fin, le Roi changea son ordre de bataille : l'armée avait défilé en colonnes rompues; on la mit sur deux lignes, et on la fit marcher par la gauche, en prenant le chemin de Potschernitz. Dès que M. de Browne s'aperçut de ce mouvement, il prit sa réserve de grenadiers, sa cavalerie de la gauche et sa seconde ligne d'infanterie, avec lesquelles il côtoya les Prussiens, en tenant une ligne parallèle; c'était précisément ce qu'on voulait. L'armée du Roi poussa à Piechowitz par des défilés et des marais qui séparèrent un peu les troupes; la cavalerie prussienne fila au travers de ce village, où elle trouva une plaine bornée par un étang, qui lui présentait précisément la distance qu'il lui fallait pour se former, et, emboîtée entre ce village et cet étang, ses flancs se trouvaient à l'abri d'insulte; elle attaqua vigoureusement la cavalerie autrichienne; après trois charges consécutives, elle l'enfonça et la mit entièrement en déroute. A peine dix bataillons de la gauche étaient formés, avant que la seconde ligne pût les joindre, qu'ils attaquèrent l'ennemi avec plus de précipitation et de courage que de prudence; ils essuyèrent un feu d'artillerie prodigieux, et furent repoussés, mais certainement pas avec honte; car les plus braves officiers et la moitié des bataillons étaient couchés sur le carreau. Le maréchal de Schwerin, qui malgré son grand âge conservait encore tout le feu de sa jeunesse, voyant avec indignation des Prussiens repoussés, se mit à la tête de son régiment, et prenant un drapeau à la main, il le conduisit à la charge et y fit des efforts de valeur extraordinaires; mais comme il n'y avait point encore de troupes pour le soutenir, il y succomba et y fut tué, en terminant une vie glorieuse par une mort qui y ajoutait un nouveau lustre. La seconde ligne arriva dans ces entrefaites; le Roi attira encore à lui le prince Ferdinand de Brunswic avec quelques régiments, et le combat