<107> apparence qu'ils auraient sauvé une partie de leur monde. Teplitz une fois gagné, ils ne rencontraient plus que de légers obstacles, et personne ne pouvait les empêcher de se joindre par Éger aux Autrichiens. Il y a toute apparence que les généraux saxons ne connaissaient pas les situations de Halbstadt, de Burkersdorf, de Schandau, du Ziegenrück, et surtout qu'ils ignoraient la disposition dans laquelle les Prussiens occupaient ces postes; sans quoi ils ne se seraient jamais exposés dans une aussi mauvaise affaire.

M. de Lestwitza était posté avantageusement avec onze bataillons et quinze escadrons entre Schandau et un village nommé Wendisch-Fähre; M. de Browne, qui était entré en Saxe à la tête de son détachement, vint se camper vis-à-vis de lui. Les Autrichiens occupèrent les villages de Mitteldorf et d'Altendorf; mais trouvant M. de Lestwitz plus en force qu'ils ne l'avaient prévu, ils eurent bien garde de l'attaquer. M. de Browne ne pouvait pas se porter sur Burkersdorf, dont une chaîne de rochers impraticables le séparait; il ne trouvait pas son compte à s'engager avec M. de Lestwitz; et cependant, pour prêter la main aux Saxons du côté d'Altstadt, il était obligé de faire défiler son monde deux à deux par des chemins étroits, vis-à-vis des Prussiens et sous le feu de leurs petites armes. De tous ces différents partis il n'y en avait aucun qu'un homme expérimenté, comme l'était M. de Browne, pût prendre sans risquer sa réputation; il aima donc mieux se tenir dans l'inaction, que de mener inutilement ses troupes à la boucherie.

Du côté d'Altstadt, où les Saxons avaient résolu de passer l'Elbe, il y a à la rive droite de ce fleuve une petite plaine dominée par le Lilienstein, rocher escarpé qui en borne une partie; aux deux côtés de ce rocher se présentaient cinq bataillons prussiens, aux ordres de M. de Retzow, derrière des abatis qui, en forme de croissant, allaient s'appuyer des deux côtés au coude que l'Elbe forme en cet endroit;


a Jean-George de Lestwitz, lieutenant-général d'infanterie.