<103>suivie. Le Roi ne voulant plus risquer qu'elle se livrât à de pareilles saillies, la fit repasser en seconde ligne derrière son infanterie.

Comme cette cavalerie revenait, le feu de la gauche commençait à devenir et plus vif et plus considérable : le maréchal Browne voulait changer l'état de la question; se voyant sur le point d'être assailli, il aima mieux attaquer lui-même. Dans cette vue, il avait fait filer vingt bataillons derrière Lowositz, qui s'étant glissés successivement le long de l'Elbe, vinrent soutenir les pandours qui se battaient dans les vignes, et tâchèrent même de tourner le flanc gauche des Prussiens. L'infanterie les repoussa vigoureusement; elle força les enclos des vignes les uns après les autres, et descendant dans la plaine, elle poursuivit quelques bataillons ennemis, qui de frayeur se précipitèrent dans l'Elbe; une autre troupe de fuyards se jeta dans les premières maisons de Lowositz, faisant mine de s'y défendre; alors quelques bataillons de la droite furent détachés, pour renforcer la gauche de sorte que la gauche des Prussiens s'appuyât à l'Elbe, et dans cette disposition elle s'avança fièrement d'un pas déterminé sur Lowositz, sans que la droite de l'armée du Roi quittât la hauteur où elle était appuyée. Les grenadiers tirèrent dans les maisons par les portes et les fenêtres; ils y mirent enfin le feu, pour achever plus vite; et quoique ces troupes eussent consumé toute leur poudre, cela n'empêcha pas que les régiments d'Itzenplitz et de Manteuffel n'entrassent dans Lowositz la baïonnette baissée, et ne forçassent neuf bataillons tous frais que M. de Browne y avait envoyés, à leur céder la place et à prendre honteusement la fuite. Alors toutes les troupes de l'ennemi qui avaient combattu dans cette partie, lâchèrent le pied, et cédèrent la victoire aux Prussiens.

Le Roi ne put pas profiter de ce succès autant qu'il l'aurait souhaité, parce qu'il n'avait proprement battu que l'aile droite des Impériaux : ils occupaient encore le village de Sulowitz, et comme leur gauche se trouvait postée derrière le fossé dont nous avons parlé, ils