<99> bonnes mesures pour traverser l'élection impériale, il se trouverait nécessité à faire sa paix avec la reine de Hongrie. Les Français envoyèrent sur cela M. de Valori à Dresde, pour persuader au roi de Pologne de briguer le trône impérial; mais le traité de Varsovie, la prépondérance des Russes à cette cour, et les guinées anglaises liaient les mains aux Saxons.

Ce prélude confirmait la cour de Berlin dans l'opinion que le Grand-Duc deviendrait Empereur; que l'armée des alliés serait malheureuse en Bavière; que les Français n'auraient à cœur que leur campagne de Flandre; et que leurs alliés feraient sagement de penser à eux-mêmes. Il aurait été à souhaiter qu'on eût pu parvenir à pacifier tous ces troubles, pour prévenir une effusion de sang inutile; mais les tisons de la Discorde jetaient de nouvelles étincelles sur toute l'Europe, et la bourse des grandes puissances n'était pas encore épuisée. Les Prussiens entamèrent à tout hasard une négociation avec les Anglais : ils se fondaient sur l'espérance de trouver alors les esprits plus enclins à la paix, et sur une révolution qui venait d'arriver dans le ministère anglais. La nation anglaise avait perdu l'affection qu'elle avait pour le lord Carteret,a depuis qu'il avait fait le traité de Worms : on lui reprochait d'être emporté et fougueux, et que les saillies de sa vivacité outraient toute chose. Un mécontentement général obligea le Roi à renvoyer un ministre qui était entré dans toutes ses vues, et qui couvrait sous l'apparence de l'intérêt national tous les pas que George faisait en faveur de son électorat. Ce prince eut la mortification de ne pas pouvoir disposer des sceaux, et fut obligé de les remettre au duc de Newcastle; le lord Harrington devint ministre : le peuple appela ce nouveau conseil la faction des Pelham, parce que ceux qui le composaient, étaient de cette famille.


a John Carteret (voyez t. II, p. 16, et ci-dessus, p. 17-21), né en 1690, devint à la mort de sa mère, le 18 octobre 1744, vicomte Carteret et comte Granville.