<77> avec toutes les troupes hongroises tentèrent une nouvelle attaque, et furent partout repoussés vigoureusement; ils y perdirent trois cents soldats tués; Trenck, ce fameux pillard, y fut blessé. Le prince de Lorraine croyait la campagne finie, et aurait voulu donner aux troupes un repos qu'elles avaient bien mérité par les fatigues qu'elles avaient essuyées en Alsace et en Bohême : la cour de Vienne pensa autrement, et elle donna des ordres exprès au prince de Lorraine de continuer les opérations.

Le Roi se flattait de l'idée que l'ennemi prendrait ses quartiers entre l'Elbe et la Sasawa, dans le dessein de tomber dessus par Pardubitz et Kolin, et de déblayer d'Autrichiens les cercles de Czaslau et de Chrudim. Le Roi avait pris son quartier à Trnowa, proche de Pardubitz; celui du prince Léopold était peu éloigné de Kolin. L'ennemi fit dans ce temps-là des mouvements qui semblaient dénoter qu'il avait quelque dessein sur Pardubitz; ce qui engagea ce prince à s'approcher davantage des quartiers de la gauche. Sur ces entrefaites, on intercepta des lettres de Vienne, qui annonçaient un grand dessein, qui devait s'exécuter le 18 de novembre. Le général d'Einsiedel, qui commandait à Prague, mandait que l'ennemi faisait travailler à des échelles dans tous les villages voisins, et le général Nassau avertissait qu'il s'attendait dans quelques jours à être attaqué à Kolin; il n'y avait rien à craindre pour Pardubitz, où se trouvait l'aile gauche de l'armée.

De mille en mille, le long de l'Elbe, il y avait des postes d'infanterie, et quarante escadrons de hussards étaient distribués entre-deux, pour veiller aux patrouilles et sur les moindres mouvements des troupes de la Reine. Par ces précautions, le Roi devait toujours être averti d'avance, au cas que l'ennemi tentât le passage de l'Elbe : il n'y avait donc proprement que la ville de Prague pour laquelle il y eût à appréhender. Le Roi y envoya M. de Rottembourg avec ses dragons et trois bataillons, pour en renforcer la garnison. Ce jour