<48>Le prince de Lobkowitz, qui alors était en pleine marche pour attaquer le roi de Naples, informé des succès du prince de Conti, se décontenance; il désespère de sa fortune, se retire à Monte Rotondo, et de là à Florence, toujours talonné par Don Carlos et le marquis de Gages. Nous supprimons les petits avantages que les Français et les Espagnols eurent sur les Autrichiens, pour en venir aux expéditions maritimes.

Les flottes française et espagnole sortirent au commencement du printemps de la rade de Toulon : elles attaquèrent dans la Méditerranée la flotte anglaise commandée par l'amiral Matthews. Après la bataille, les Français et les Espagnols se retirèrent à Carthagène, et les Anglais, à Port-Mahon. L'action fut sans doute indécise, puisque les deux flottes se retirèrent; cependant elle ne laissa pas de faire honneur à l'amiral espagnol Navarro et au capitaine français. La cour de France envoya l'amiral Court en exil, et en punissant différents officiers qui avaient servi sur cette flotte, elle en témoigna son mécontentement. De leur côté, les Anglais traduisirent l'amiral Matthews devant le conseil de guerre; le vice-amiral fut conduit en prison : les deux partis étaient donc également mécontents d'une bataille indécise, dont les Français et les Anglais eurent la honte, et les Espagnols, la réputation.

Ces actions de mer n'étaient que le prélude des grands coups que la cour de Versailles se proposait de frapper cette campagne. Son objet capital était d'obliger les Anglais de rappeler dans leur île les troupes qu'ils avaient en Flandre. Pour cet effet, avant même l'ouverture de la campagne, le comte de Saxe se porta à Dunkerque à la tête de dix mille hommes; le fils du Prétendant, nommé le prince Édouard,a s'y rendit aussi. On fit des préparatifs pour un embarquement. L'Angleterre, alarmée, appela des secours étrangers : six mille Hollandais et six mille Anglais des troupes du lord Stair furent trans-


a Charles-Édouard.