<133> accorder une permission aussi barbare :a il leur dit qu'ils devaient plutôt se conformer aux préceptes de l'Écriture, bénir ceux qui les offensaient, prier Dieu pour ceux qui les persécutaient, pour hériter le royaume des cieux. Les paysans lui répondirent qu'il avait raison, et se désistèrent de leur cruelle prétention.

L'avant-garde avança à Starkstadt, où elle apprit que les ennemis avaient quitté Trautenau, et défilaient à Jaromircz; sur cela, elle se posta à Skalitz. L'armée prit le chemin de Friedland et de Nachod, qui lui était plus commode pour les subsistances; après quoi, elle déboucha des montagnes, et se déploya le long de la Mettau, petit ruisseau dont les bords sont escarpés, qui vient de Neustadt, et va se jeter dans l'Elbe auprès de Pless.

Le camp des Autrichiens était derrière l'Elbe, entre Smirschitz et Jaromircz. Nadasdy, dont le corps était environ de six mille hommes, fit mine de vouloir disputer à l'avant-garde prussienne le passage de la Mettau; mais M. de Lehwaldt chassa les Hongrois sans effusion de sang, passa le ruisseau, et se campa à un quart de mille à l'autre bord.

Le lendemain, l'avant-garde fut renforcée de onze bataillons, et elle se porta à Kralowa-Lhota, d'où le Roi, se mettant à sa tête, poussa jusqu'à Königingrätz, et occupa le terrain entre Russek, qui est vers l'Elbe, et Divetz, qui est sur l'Adler, ruisseau qui vient des montagnes de Glatz et se jette dans l'Elbe auprès de Königingrätz. L'armée, sous le commandement du prince Léopold, se campa à un quart de mille derrière l'avant-garde. Ces mouvements obligèrent le prince de Lorraine à s'approcher de Königingrätz. Il se posta sur une hauteur au confluent de l'Adler et de l'Elbe, vis-à-vis des Prussiens : il avait appuyé sa droite à un marais, sa gauche se recourbait vers


a Ce fait n'est pas mentionné dans la première rédaction du Roi, de 1746; il manquait également dans le corps de la seconde rédaction, de 1775, mais il y fut intercalé plus lard au moyen d'un renvoi indiqué à la marge : ce passage est écrit de la main de l'Auteur même, sur une demi-feuille d'un papier peu différent du reste du manuscrit.