<122> s'affaissait sur lui : il la somma de remplir ses traités à la lettre; et, comme l'ennemi se préparait à faire une invasion dans ses États, il pressait Louis XV de lui payer des subsides, qu'il lui devait dans ce cas, ou de faire quelque diversion réelle, qui lui procurât quelque soulagement. Le ministère français parut peu touché de ces représentations; il les traita à la légère, et voulut que la bataille de Fontenoi et la prise de quelques places en Flandre passassent pour une diversion considérable. Le Roi s'adressa encore directement à Louis XV : il lui marqua le peu de satisfaction qu'il avait de la froideur des ministres de Versailles; qu'il se trouvait dans une situation désagréable et embarrassante, où il s'était mis par amitié pour Sa Majesté Très-Chrétienne; qu'il croyait que ce prince lui devait quelque retour pour l'avoir secondé dans un moment où les Autrichiens commençaient à faire des progrès en Alsace; que la bataille de Fontenoi et la prise de Tournai étaient à la vérité des événements glorieux pour la personne du Roi et pour les avantages de la France, mais que, pour l'intérêt direct de la Prusse, une bataille gagnée aux bords du Scamandre ou la prise de Pékin seraient des diversions égales. Le Roi ajouta que les Français occupaient à peine six mille Autrichiens en Flandre; et que le péril où il se trouvait, l'empêchait de se contenter de belles paroles, mais l'obligeaita à lui en demander instamment des effets plus réels. La comparaison du Scamandre et de Pékin déplurent au Roi Très-Chrétien; son humeur perça dans la lettre qu'il répondit au roi de Prusse, et celui-ci se piqua à son tour du ton de hauteur et de froideur qui caractérisait cette réponse.

Pendant ces petites altercations, nuisibles à l'union qui doit régner entre des alliés, les Autrichiens étaient à la veille de commencer leurs opérations de campagne. Cette armée, composée des troupes de la Reine et de celles de Saxe, s'approchait insensiblement des frontières


a Ainsi que les éditeurs de 1788, nous avons ajouté l'obligeait, mot qui paraît avoir été oublié par l'Auteur.