<83> objet principal pour des bagatelles. En opérant du côté de Vinox et de Dunkerque avec cent vingt mille hommes, il vous en reste encore soixante mille qui peuvent couvrir Bruxelles et vos derrières, et la flotte anglaise vous fournira vos vivres, tirés de vos magasins de Nieuport. La seconde campagne sera plus difficile que la première, parce que vous avez découvert vos desseins, et que l'ennemi, devinant vos vues, voudra s'y opposer. Sans doute qu'il choisira quelque camp fort pour vous arrêter en chemin; c'est alors à raffiner aux moyens de le déposter et de le combattre, pour assiéger Gravelines, ensuite Bourbourg, où la flotte anglaise, abordant dans le port de Gravelines, vous fournirait les vivres. De là vous devez vous porter sur Montreuil, où la flotte anglaise, entrant dans l'embouchure de la Canche, vous apporterait vos provisions. Si l'ennemi veut encore vous arrêter plus en avant, il faut le déposter, s'avancer sur Abbeville, et la flotte anglaise à l'embouchure de la Somme, pour que vous ne manquiez point de magasins. Vous objecterez peut-être que je laisse trop de places fortes derrière moi; mais il me reste encore soixante mille hommes, dont vingt mille occuperont mes derrières aux endroits convenables, et quarante mille assiégeront des places défendues par des milices, comme Cassel, Aire, Saint-Orner. Comptez que toute l'armée française, dès la seconde campagne, abandonnerait bien vite la Flandre pour couvrir Paris, et que, en agissant avec vigueur contre cette armée, le ministère français se hâterait à conclure la paix. Supposé que l'on prît Paris, il faudrait bien se garder d'y faire entrer des troupes, parce quelles s'amolliraient et perdraient la discipline; il faudrait se contenter d'en tirer de grosses contributions. Pour que ce projet de campagne devînt solide, on aurait la prévoyance d'envoyer de bons officiers ingénieurs et quartiers-maîtres qui, voyageant déguisés en marchands, parcourraient tous ces lieux pour rectifier ce qu'il pourrait y avoir de défectueux dans le projet, tant pour le terrain que pour les places que l'on se