<45>pesante les soutient. Dès qu'il s'agit d'attaquer l'infanterie, je préfère les cuirassiers aux autres, parce qu'ils se confient en leur cuirasse.

Lorsqu'on détache les hussards, et qu'ils ont une grande traite à faire, il faut faire garnir quelque défilé par où ils sont obligés de retourner; on y envoie des dragons avec quelques petits canons; c'est pour leur tenir le dos libre et pour ne pas les exposer à être détruits au retour. Ces dragons peuvent mettre pied à terre et protéger la retraite par leur feu.

On peut, avec des hussards, prendre des villes lorsqu'il n'y a pas de l'infanterie pesante qui les défend; c'est ainsi que nous prîmes Pégau.a Une chaussée va à la porte de la ville, où il y a une tour sur laquelle l'ennemi avait quelques gens pour la défendre. On fit mettre pied à terre à cinquante hussards, avec des poutres, pour enfoncer la porte. Le régiment était à cheval, hors de la portée du fusil; dès que la porte fut brisée, il se mit en carrière, traversa la ville, et prit tout ce qu'il y avait dedans. La même année 1757, nous primes de même Neumarkt,b gardé par deux bataillons de pandours; un régimentc qui avait tourné la ville les atteignit lorsqu'ils se sauvaient par une autre porte, et les fit tous prisonniers, tandis que d'autres forcèrent, de même qu'à Pégau, la porte de Parchwitz.

Un excellent usage des hussards est de les envoyer recueillir des nouvelles; il faut par eux être averti du moindre mouvement qui se fait dans l'armée ennemie. Il faut toujours avoir des partis en campagne; ils peuvent même tourner l'ennemi et vous rendre compte de ce qui se passe sur ses derrières. Par eux, dans un pays étranger, on acquiert en peu de temps la connaissance des chemins et du pays; ce sont vos oreilles et vos yeux.


a Voyez t. IV, p. 162.

b L. c., p. 184.

c Le régiment de Zieten. Voyez Lebensbeschreibung Hans Joachims von Zieten, troisième édition, Berlin, 1805, t. II, p. 84 et 85, et notre t. IV, p. 184. Cette affaire eut lieu le 4 décembre 1757.