<30>d'une rivière, que l'expérience condamne, et j'en propose une plus simple et plus sûre; quand elle est exécutée par un habile général, elle évite l'inconvénient d'être surpris par l'ennemi, d'être averti trop tard, et surtout celui de partager son attention, qui, selon moi, est le plus grand de tous. Un plan simple, que vous avez dans la tête, doit renverser tous les projets de l'ennemi.

Voici donc ce que je propose : c'est que la seule façon de défendre une rivière est de l'avoir derrière soi. Il faut avoir une bonne communication établie de l'autre côté; il faut pour le moins avoir deux ponts dont les têtes sont retranchées, et se poster en delà, un demi-mille, dans un camp qu'il faut bien faire accommoder, pour que l'ennemi soit certainement battu, s'il vient vous y attaquer. Je suppose même votre armée plus faible d'un tiers que la sienne.

Je dis donc que, par un tel camp, vous empêchez l'ennemi de passer la rivière, parce que, s'il marche à droite ou bien à gauche pour la passer, il est obligé de vous abandonner ses vivres et ses magasins qu'il a derrière lui, ce que certainement il ne fera pas. Que lui reste-t-il donc à faire? Il tâchera sans doute à faire passer la rivière à quelque détachement; mais ce détachement est obligé de décrire un demi-cercle pour passer, et vous, vous enverrez un détachement en ligne directe par votre pont, qui, se portant du côté où l'ennemi veut passer, pourra très-bien le battre en détail. Si cependant toute l'armée ennemie voulait passer à votre droite ou à votre gauche, par un mouvement simple, vous n'avez qu'à vous portera leur dos, et profiter de l'affreuse confusion où votre approche les mettra. Ce projet est simple, il vous délivre d'inquiétude, et concentre toutes vos idées sur le même point. Le plan ci-joint, no XXVII, jettera plus de lumière sur ce sujet que tout ce que je pourrais encore y ajouter.