<156> tout le monde accoure pour la secourir, et alors on a les bras libres, tant en Bohême qu'en Moravie; les places tombent, et, maître du pays, on peut se procurer vivres, fourrages et tous les besoins de l'armée aux dépens de l'ennemi, seule méthode pour soutenir la guerre et la pouvoir continuer avec avantage.

Mais il ne suffît pas d'étaler cette idée générale; il faut indiquer les moyens de faire réussir un tel projet. La première notion que l'armée prussienne de Moravie doit se procurer est d'apprendre ce que font les troupes de Wieliczka et de Bilitz; celles-là ne doivent jamais être perdues de vue, parce que leur position gênante peut empêcher toutes les entreprises que les circonstances d'ailleurs favorables pourraient permettre de hasarder. A en juger, il n'est pas probable que ces troupes, n'ayant pas été battues, se tiennent tranquilles dans leur position, surtout s'ils ne trouvent pas de corps devant eux, qui s'opposent à leurs mouvements. Ces vingt mille hommes qu'on a destinés pour couvrir les frontières contre eux ne sont guère suffisants pour les arrêter, surtout s'ils avaient des ordres de la cour d'agir, comme on doit supposer qu'on les leur donnerait. Il faudrait donc détacher au moins vingt mille hommes pour les renforcer, afin qu'il y eût quelque proportion entre le corps et les forces de l'ennemi. Resteraient donc à peu près cinquante-cinq mille hommes pour les opérations de la Moravie. Le préalable serait, en pareil cas, de faire avancer ses magasins à Weisskirch, à Leipnik ou à Prérau, selon qu'on trouverait ces villes le mieux en état de se défendre. Cela fait, et la boulangerie bien établie pour l'armée, il faudrait composer un détachement de Cosaques, de hussards et d'une dizaine de bataillons, avec quelques dragons, suivis de vivres pour un mois, et de leur boulangerie qui longerait le long de la Morawa par Hradisch, Ungarisch-Brod, en suivant le chemin de Presbourg, lieu de leur destination, où ils arriveraient sans trouver d'ennemis, où ils travailleraient à s'assurer incontinent du passage du Danube, première-