<147> sans qu'on ait à les combattre tous à la l'ois. Reste à présent à considérer quels ménagements il faut garder à l'égard de la position des Autrichiens, et quelles précautions elle nous oblige à prendre; car ce serait une étourderie de faire de belles choses d'un côté, tandis qu'on perd le double d'un autre.

Cent mille Autrichiens placés derrière l'Elbe obligent, mal gré bon gré qu'on en ait, de leur opposer des forces en front pour les contenir en respect, ou il arriverait que, trouvant les frontières de la Silésie et de la principauté de Glatz dégarnies, tant du côté de Landeshut que de Friedland et du pays de Glatz, incessamment cette armée s'établirait dans ces montagnes, où elle peut occuper des postes inexpugnables, à quoi un général sage ne doit pas s'exposer, parce qu'il perdrait la Silésie par inconsidération, pouvant la couvrir, s'il avait bien réfléchi à l'état des choses. D'ailleurs, il est encore nécessaire d'observer que si, dès le commencement de la guerre, un corps considérable de Prussiens ne s'oppose pas aux postes de l'Empereur derrière l'Elbe, au commencement de la campagne, il peut se rendre maître de Dresde, et par conséquent attirer le fort de la guerre en Saxe, pour soulager la Bohême. Il résulterait de là que nous serions obligés de ruiner le pays de nos alliés pour les seconder, ce qui est un triste service à leur rendre, et il est plus sage de prévenir de pareils inconvénients que d'être obligé d'y remédier.

Les troupes de Silésie peuvent être en deux marches en Bohême, du côté de Nachod; les troupes de l'Électoral ne peuvent être qu'en huit jours, en faisant de fortes marches, du côté de Dresde. Il faut donc prendre ses mesures si à propos, que tous ces mouvements soient si exactement calculés, que l'armée de la Marche puisse arriver à peu près le même temps à Dresde qu'on entre en Bohême. Selon que j'en puis juger, l'armée destinée pour la Saxe doit être de la même force dont elle a été la dernière guerre. Elle faisait, avec les Saxons, quatre-vingt mille hommes. On verra bientôt la raison que j'en