<70> faibles corps sont d'abord appuyés, et l'on n'a qu'à avancer tant soit peu pour gagner toujours plus de terrain à mesure que les troupes passent, et qu'elles en peuvent occuper. S'il y a des gués, on les destine pour la cavalerie, et on les fait appareiller.

ARTICLE XXII. DE LA DÉFENSE DES RIVIÈRES.

Rien n'est aussi difficile, pour ne pas dire impossible, que de défendre le passage d'une rivière, principalement lorsque le front d'attaque est trop étendu. Je ne voudrais jamais me charger de cette commission, si mon front d'attaque surpassait huit milles d'Allemagne, et s'il n'y avait une ou deux forteresses sur cette rivière, dans cet espace, et, de plus, qu'il ne s'y trouvât aucun endroit guéable. Si toutes ces choses sont telles, il faut pourtant un certain temps pour se préparer aux entreprises de l'ennemi.

Voici les dispositions qu'il faut faire. On fera enlever tous les bateaux qui sont sur la rivière, que l'on fera conduire aux deux forteresses, et cela, dans l'intention de priver l'ennemi de ce secours. Ensuite il faut reconnaître les deux bords de la rivière, pour observer tous les endroits qui favorisent le passage de l'ennemi. S'il se trouve dans ces endroits, à la rive citérieure, quelque cassine ou quelque cimetière dont l'ennemi puisse profiter à son passage, on les fait aussitôt démolir. On note tous les lieux favorables aux passages, et l'on forme un projet d'attaque pour chacun en particulier, qu'il faut faire sur le terrain même. Ensuite l'on fait faire des chemins grands et larges pour plusieurs colonnes, tout du long du rivage de votre ligne de défense, pour marcher à l'ennemi commodément et sans embarras. Toutes ces précautions prises, on campe son armée au centre