<179> surtout dans la connaissance du terrain. Ils se campent souvent près de nos armées, cependant avec l'utile circonspection de se mettre sur la cime des montagnes, dans des forêts épaisses, ou derrière de doubles ou triples défilés. De cette espèce de repaire, ils envoient des partis qui agissent selon l'occasion, et le corps ne se montre pas, à moins que de pouvoir tenter quelque coup important. La force de ces corps leur permet d'approcher de près nos armées, de les entourer même, et il est très-fâcheux de manquer du nombre égal de cette espèce de troupes. Nos bataillons francs, formés de déserteurs, mal composés et faibles, n'osent souvent se montrer devant eux. Nos généraux n'osent pas les aventurer en avant sans risquer de les perdre, ce qui donne le moyen aux ennemis d'approcher de nos camps, de nous inquiéter et de nous alarmer de nuit et de jour. Nos officiers s'accoutument à la fin à ces échauffourées; elles leur donnent lieu de les mépriser, et malheureusement ils en contractent l'habitude d'une sécurité qui nous est devenue funeste à Hochkirch, où beaucoup prirent pour l'escarmouche de troupes irrégulières l'attaque qu'à notre droite les Autrichiens firent avec toute leur armée. Je crois cependant, pour ne vous rien cacher, que M. de Daun pourrait se servir mieux qu'il ne le fait de son armée hongroise. Elle ne nous cause pas le mal qu'elle pourrait. Pourquoi ces généraux détachés n'ont-ils rien tenté contre nos fourrages? Pourquoi n'ont-ils point essayé d'emporter de mauvaises villes où nous avions nos dépôts de vivres? Pourquoi n'ont-ils pas dans toutes les occasions entrepris d'intercepter nos convois? Pourquoi, au lieu d'alarmer nos camps de nuit et par de faibles détachements, n'ont-ils pas essayé de les attaquer en force, et de prendre à dos notre seconde ligne, ce qui les aurait menés à des objets bien autrement importants et décisifs pour le succès de la guerre? Sans doute qu'ils manquent, comme nous, d'officiers entreprenants, gens si rares et si recherchés dans tous les pays, les seuls cependant qui, du nombre d'officiers dont beaucoup