<172> que les habiles généraux ont choisis et occupés autrefois. Ceux de Fribourg et de Nordlingue appartiennent à M. de Mercy. Le prince Eugène en prit un, non loin de Mantoue, qui lui servit à arrêter les progrès des Français durant toute cette campagne. Le prince de Bade rendit le camp de Heilbronn fameux. En Flandre, on connaît celui de Sierck et tant d'autres qu'il serait superflu de citer.

En quoi les Autrichiens modernes se distinguent particulièrement, c'est de choisir constamment des terrains avantageux pour l'assiette de leur position, et de profiter mieux que l'on ne faisait autrefois des difficultés des lieux, auxquelles ils assujettissent l'arrangement qu'ils donnent à leurs troupes. Que l'on examine si jamais généraux ont eu l'art de former des ordonnances aussi formidables que celles que nous avons vues dans les armées autrichiennes. Quand a-t-on vu quatre cents canons rangés sur des hauteurs en amphithéâtre et distribués en différentes batteries, de sorte que, ayant la faculté d'atteindre de loin, ils ne perdent pas l'avantage principal et plus meurtrier du feu rasant?

Si un camp autrichien vous présente un front redoutable, ce n'est cependant pas où se borne sa défense; sa profondeur et ses lignes multipliées contiennent dans leur enfoncement de vraies embuscades, c'est-à-dire de nouvelles chicanes, des lieux propres à surprendre des troupes dérangées par les charges qu'elles ont été obligées de faire avant d'y parvenir. Ces lieux sont préparés d'avance, et occupés par les corps destinés à cet usage. Il faut avouer que la grande supériorité de leurs armées permet aux généraux qui les commandent de se mettre sur plusieurs lignes sans craindre d'être débordés, et que, ayant un monde superflu, cette multitude de troupes leur procure la faculté de remplir tous les terrains qu'ils jugent convenables pour rendre leur position plus formidable.

Si nous descendons ensuite dans un plus grand détail, vous trouverez que les principes sur lesquels les généraux autrichiens font la