14. A LA LANDGRAVE DE HESSE-DARMSTADT.

Le 24 mai 1772.



Madame ma cousine,

Je suis charmé, ma chère landgrave, de m'être rencontré dans votre façon de penser. A présent que je suis sûr de votre consentement, je mettrai les fers au feu pour pousser cette affaire et la mener à sa conclusion. Cela me procurera sûrement le plaisir de vous revoir, car j'imagine que vous voudrez conduire vous-même la princesse votre fille dans sa nouvelle patrie. Je crois que cette affaire pourra se conclure plus vite que vous ne le croyez, et que vous aurez, madame, lieu d'en être satisfaite. Je me souviens que lorsque je proposai un parti semblable au défunt prince de Zerbst,2_161-a j'eus bien de la peine à vaincre ses scrupules de religion; il répondit à toutes mes représentations par : Meine Tochter nicht griechisch werden. Je me flatte que de pareils scrupules n'auront pas lieu dans l'affaire présente, d'autant plus qu'on lui prouva que la religion grecque était précisément la luthérienne. Il fut assez bon pour le croire, et c'est ce qui a fait que sa fille est actuellement impératrice de Russie. Voilà, madame, à quoi tient souvent l'origine des plus grandes fortunes. Je souhaite que mes soins aient toute la réussite possible, et que j'aie la satisfaction, madame, de vous l'annoncer bientôt. Je suis avec autant d'estime que d'amitié, madame ma cousine, etc.


2_161-a Voyez t. XXV, p. 637 et suivantes.