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66. A LA MÊME.

Camp de Wehlau, 27 juillet 1739.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu votre très-aimable lettre au milieu de nos courses.a Je vous aurais répondu volontiers plus tôt, si le peu de repos que j'ai depuis la vie vagabonde que nous menons me l'avait voulu permettre. Nous courons depuis trois semaines un pays aussi vaste que les deux tiers de l'Allemagne, et nous ne sommes pas encore à la fin de nos travaux; je me flatte cependant d'être de retour le 17 du mois prochain. Je suis ravi de savoir par vous-même que le Margrave a été satisfait de son voyage de Berlin. Depuis la mort de Grumbkow, tout y est changé; son décès a rétabli chez nous la paix publique et particulière. Grâces au ciel, je suis à présent le mieux du monde avec le Roi; il a eu la grâce de me donner tous ses haras de Prusse en propre;b cela me vaudra dix-huit mille écus de revenus avec le temps. Vous pouvez juger par cet échantillon des dispositions du cœur. Je suis persuadé, ma très-chère sœur, que vous participez véritablement à ce qu'il m'arrive de bien, et qu'en toute occasion vous voudrez bien que je puisse vous convaincre de la tendresse et de l'estime sans égale avec laquelle je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.


a Frédéric était parti le 7 juillet de Berlin pour la province de Prusse, et il était de retour le 18 août.

b Voyez t. XVI, p. 180, 260, 261 et 410; t. XVII, p. 60 et 61; et t. XXVI, p. 9.