<277> ma vie le souvenir des jours heureux que j'ai passés chez vous, auxquels il n'a manqué que de vous voir en parfaite santé. Ma personne vous quitte; mais vous gardez le cœur de celui qui sera jusqu'à la fin de ses jours, ma très-chère sœur, etc.

276. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Le 25 juin 1754.



Mon très-cher frère,

Vous avez emporté avec vous mon cœur, ma joie et ma santé. Il me semble que je ne fais plus que languir depuis que mon astre bienfaisant a disparu. J'ai passé le lendemain de votre départ dans mon lit. et je n'ai rien eu de plus pressé, dès que je me suis trouvée un peu mieux, que de courir dans l'appartement que vous avez occupé. J'y ai parcouru tous les endroits où j'ai eu le bonheur d'être avec vous. Ma sœur est survenue. Nos larmes réciproques se sont mêlées ensemble. Que vous dirai-je, mon très-cher frère? Je suis encore dans une profonde mélancolie. Peut-on s'accoutumer à l'absence quand on vous connaît, et quand on vous aime aussi tendrement que moi? Non, je sens que cela est impossible. La seule consolation que j'aie est d'entendre à toute heure chanter mon héros, et de voir que même dans nos climats sauvages les cœurs lui sont dévoués. Le margrave d'Ansbach est parti hier au soir; ma sœur et son fils nous resteront encore quelque temps. Mais tout cela n'est point le cher frère. Que ne puis-je lui témoigner tout l'excès de ma reconnaissance, et combien je suis pénétrée de ses bontés! Mais j'aime mieux me taire que de m'exprimer faiblement; mon cœur, plein de tous les sentiments.