295. DU PRINCE HENRI.

Berlin, 12 mars 1778.

.... Les propos qu'on prête au sieur Cobenzl me paraissent fort douteux : d'abord je sais par son beau-frère, qui, avant son départ, me l'a assuré, que ce ministre était convaincu que vous feriez la guerre à l'Autriche; secondement on me prêterait une opinion qui est précisément contraire à celle que j'ai. Depuis le mois de janvier, j'ai été convaincu que vous feriez la guerre; mais j'ai simplement cru que des propositions de l'Autriche pourraient amener une pacification. Quant à mon opinion, je ne vous l'ai pas cachée, mon très-cher<468> frère, en vous disant qu'une guerre entreprise avec le secours de plusieurs alliés pouvait produire l'effet désirable que l'Autriche renoncerait à la Bavière, tandis qu'une guerre à force égale ne produirait rien. Si quelque chose peut autoriser l'idée que je ne crois pas à la guerre, c'est que je n'ai point fait travailler à mes équipages, chose que je n'ai pas cru devoir faire à moins d'un ordre de votre part. Je vous ai demandé à deux reprises votre intention à ce sujet, et comme vous n'avez pas jugé à propos de me répondre, je suis resté tranquille. Toutes mes espérances, mes vœux se réunissent pour que vous sortiez, mon très-cher frère, heureusement de ce labyrinthe. Si je n'espérais dans la France, j'appréhenderais beaucoup, non pas précisément des malheurs pour l'État, mais j'envisage une guerre comme très-malheureuse, dont vous sortiriez sans les moindres avantages, et après laquelle l'Autriche resterait en possession de la Bavière.