240. AU MÊME.

Le 5 septembre 1772.



Mon cher frère,

Pour ne point abuser de votre confiance, je vous renvoie, mon cher frère, la lettre de la reine de Suède. Elle vient de me notifier l'heu<410>reux succès de la révolution; je ne l'ai félicitée que sur le grand danger dont ses fils venaient d'échapper, et je lui ai dépeint tous les malheurs que je prévois, si le Roi ne se relâche pas de son autorité. Je ne vois d'autre moyen pour sauver la Suède que de mettre l'affaire en négociation, et que le Roi, en cédant de son côté, consentît d'adopter le plan du comte Horn. J'ai écrit en ce sens en Russie; mais si cela manque, nous voilà engagés malgré nous dans une guerre contre nos propres neveux, dont je vous avoue que la seule idée me répugne. Je vous notifie aussi, mon cher frère, que nos grandes affaires sont terminées, et que ce sera le 13 que nous prendrons possession de la Prusse. J'aurais bien d'autres choses à vous dire encore; mais j'ai une si terrible paperasse de papiers à expédier, que je le remets à une autre fois. Je suis, etc.