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28. AU MÊME.

(13 ou 14 novembre 1765.)



Mon cher frère,

Vous m'annoncez la perte d'une parente tendrement aimée,a d'une amie fidèle, et d'une personne qui pouvait servir de modèle de vertu, trois qualités qui ne se trouvent que rarement dans le monde. Je sens toute la grandeur de la perte que je fais; elle m'est d'autant plus sensible, que, à mon âge, elle est irréparable. Mais je vous avoue que je ne me repens pas de n'avoir pas été présent à ce moment fatal, quoique ma douleur soit la même. Embrassez tous ses enfants en mon nom, et dites-leur qu'ils peuvent compter que certainement, par mon attachement et ma tendresse pour eux, je tâcherai de diminuer la douleur que leur cause la perte d'une mère aussi respectable. J'entre dans tous les arrangements que ma sœur a pris pour sa fille cadette, et vous pouvez entièrement compter sur moi. C'est au moins un service que je puis lui rendre, toute morte qu'elle est. Je dois vous dire encore que je dois à ma sœur trente mille écus; je lui en ai payé les intérêts tous les quartiers de la Trinité. Si les enfants veulent l'argent, je m'offre à le leur payer entre ci et un an; s'ils veulent les intérêts, je continuerai de les leur payer de même. Je vous prie de le leur dire. Voilà, mon cher frère, un triste sujet de correspondance. Veuille le ciel que je ne vive pas assez longtemps pour recevoir encore de pareilles nouvelles! Je vous embrasse de tout mon cœur, étant avec le plus tendre attachement, etc.


a La margrave Sophie mourut à Schwedt le 13 novembre 1765.