<624> avons-nous seize officiers auprès de douze cents hommes. Tout cela ne forme qu'une puissance factice, et dont on peut faire peu d'usage un jour de combat, comme l'expérience ne l'a que trop prouvé. Toute l'armée est en cantonnements resserrés depuis l'hiver, et forme le cordon contre l'ennemi. Ne nous flattons pas pour l'avenir; je crains et je prévois des malheurs pour la campagne prochaine. Nous avons fait des pertes irréparables la campagne passée, et les suites accablantes ne s'en feront sentir que la prochaine campagne. Je vous dis la vérité; elle n'est pas agréable, et, pour l'ordinaire, elle ne flatte pas. Vous pouvez croire que toutes ces idées tristes ne me flattent guère, et que je ne suis pas gai; cependant cela ne m'empêche point d'être avec beaucoup de tendresse, etc.

18. AU MÊME.

(Freyberg) ce 22 (avril 1760).



Mon cher frère,

J'espère que mon frère Henri vous aura fait mes compliments, et qu'il vous aura embrassé de ma part. Vous me faites de beaux remercîments pour un mauvais livre qui n'en vaut pas la peine. Ce livre m'a été volé, on m'a trahi; sans quoi jamais je ne l'aurais fait imprimer.a Mais c'est le moindre des maux qui me soient arrivés. Quant au sort qui nous attend cette campagne, je ne saurais vous dire ce que j'en pense. Tant de choses casuelles, tant de hasards y peuvent influer, que la pénétration humaine ne peut répondre de rien, surtout dans la position où je me trouve, environné d'ennemis


a Voyez t. X, p. II; t. XIX, p. 154, 188 et 189; t. XX. p. IV, art. IV.