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312. AU MÊME.

Le 7 juin 1778.



Mon très-cher frère,

Moi qui fais toujours des vœux pour votre conservation et pour tout ce qui peut vous être agréable, j'ai été frappé plus qu'un autre des idées sinistres que vous me présentez, et j'espère, mon cher frère, que tout ce que je vous écris sur ce sujet sera peine perdue. Mais si vous deveniez malade, il y a le prince de Bernbourg,a auquel conviendrait le commandement de l'armée, en lui adjoignant Möllendorff, avec des instructions que vous lui donneriez comme si elles étaient de moi. Les Saxons ne sont que des auxiliaires, et leurs généraux ne peuvent prétendre au commandement de mon armée, le triple plus forte que la leur, et dont je dirige et paye toutes les opérations. Il se peut que les Saxons se flattent que nos négociations réussissent, et que cela cause leur relâchement; ils seront toutefois bientôt détrompés par la communication que nous leur faisons des propositions peu convenables des Autrichiens. Il est vrai que Cobenzl attend encore un courrier, mais je ne m'attends à rien de bon de la part de la cour de Vienne; elle n'a négocié qu'en intention de gagner du temps pour rassembler toutes ses troupes, amasser ses magasins, et fortifier ses positions. Cobenzl n'a point été instruit de ses véritables desseins; il a été trompé le premier, et à présent encore qu'on négocie, voilà les troupes de Flandre qui marchent pour la Bavière, et des insurgents hongrois qui arrivent en Moravie. Tout cela, certainement, ne dénote aucune envie de faire la paix, mais bien de soutenir à toute outrance les usurpations faites en Bavière. Selon mon


a Voyez t. V, p. 209, et t. VI, p. 175.