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305. AU MÊME.

Schönwalde, près de Silberberg,

13 avril 1778.



Mon très-cher frère,

A présent, mon cher frère, toutes mes affaires sont ici mises en règle, et j'apprends par toutes mes mouches, et par Vienne même, que les armées autrichiennes ne pourront être toutes rassemblées au plus tôt que le 25 de ce mois; donc nous sommes sûrs jusqu'au 1er de mai. Les fortes représentations de la France ont un peu attiédi la première vivacité de l'Empereur, et il croit à présent que ce n'est point être l'agresseur que d'envahir la Bavière, sur laquelle il n'a aucun droit, mais qu'il n'est question que de commettre les premières hostilités. Ce faux et vicieux raisonnement me donnera, comme je l'espère, le temps d'achever tranquillement mes arrangements, tant ici qu'à Berlin. Mes lettres de Russie sont très-bonnes, et j'espère qu'ils s'accommoderont avec les Turcs. Les Français assemblent deux corps de troupes, l'un auprès de Viset, et l'autre auprès de Strasbourg; les Autrichiens en sentent beaucoup d'inquiétude, et je vois que c'est pour parler aveca et montrer les grosses dents à l'Empereur lorsque nous entrerons en action, afin de l'obliger d'autant plus vite à entrer en accommodement. En attendant, nous barbouillons du papier que c'est merveille. Quand l'encre sera épuisée, la poudre aura son tour, et celle-là décidera de tout ceci plus vite que les plumes les mieux acérées.b Je suis, etc.


a Ce passage est fidèlement copié sur l'autographe.

b Voyez t. XI, p. 134, et t. XXIV, p. 120.