<470>pense peut être supputée très-aisément. Sur l'ordre de bataille que vous avez daigné me donner il ne se trouve aucun bataillon de compagnies franches. Je sais qu'on en lève, mais j'ignore quels sont ceux que vous destinez pour l'armée en Saxe. Si je pouvais le savoir, je me mettrais avec eux en correspondance pour les hâter et même les aider quand je le pourrais. 11 n'y a point d'auditeur général de l'armée nommé encore, et je vous supplie de donner vos ordres, mon très-cher frère, à ce sujet. Il manque aussi un grand prévôt de l'armée, dont on a grand besoin pour la sûreté du camp, et encore des officiers comme nous en avons eu pour conduire les équipages. Je suis fâché, mon cher frère, de vous incommoder par tous ces détails; mais comme le temps presse d'y songer, je n'ai pas cru devoir différer de vous en écrire. Au reste, j'approuve très-fort tous les arrangements que vous prenez, mon très-cher frère; mais je voudrais gagner cent bouteilles de vin de Hongrie, et si les Autrichiens ne marchent pas le 17 du mois prochain pour prendre Dresde, j'espère les avoir gagnées.a Cette réponse de Vienne ne tardera pas d'arriver; elle doit faire connaître clairement leurs intentions, et il est à supposer qu'elle viendra incessamment. Quant aux Français, j'espère, mon cher frère, que la grande connaissance que vous avez de vos propres intérêts vous portera à ménager cette puissance, laquelle, par sa neutralité même, a une si grande influence, qu'il serait fâcheux et très-dangereux même si on les poussait à prendre un parti contraire, à quoi tout engagement avec les Hanovriens les pourrait porter. Je ne sais si les ducs de Gotha et de Weimar, qui ont quelques troupes, ne pourraient peut-être vous en donner; je crois pour sûr que vous y trouveriez au moins deux ou trois bataillons. Quant aux Russes,


a Le prince Henri disait un jour que les Autrichiens, contents de l'occupation de la Bavière, ne penseraient qu'à faire une guerre défensive; Frédéric paria cent bouteilles de vin vieux de Hongrie contre douze bouteilles de vin de Graves qu'il serait attaqué par les Autrichiens dès qu'il serait arrivé en Silésie. Voyez Militärischer Nachlass des General-Lieutenants Victor Amadeus Grafen Henckel von Donnersmarck, t. II, cahier II, p. 164.