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60. AU PRINCE DE PRUSSE.

Leitmeritz, 8 juillet 1757.



Mon cher frère,

Je vous prie de prendre bien vos mesures, afin que le secret de tout ce qui suit ne sorte pas de vos mains, ce qui est de la dernière importance. Vous n'avez rien à craindre pour Schweidnitz. La place ne peut pas être surprise; il faut un siége régulier pour s'en emparer. Voici ce que, selon moi, l'ennemi peut faire, et à quoi il faut penser. La première affaire pour vous est d'attirer Brandeis, l'argent pour l'armée, sept cents chariots de farine, qu'il faut renvoyer après qu'ils seront déchargés, et d'attirer à vous l'augmentation. Voilà ce que l'ennemi peut faire : 1o un projet sur la Silésie; je vois qu'il n'y pense pas pour le moment présent; il ne veut que nous pousser hors de la Bohême. 2o Si nous nous retirons en Saxe, comme il faudra bien que cela arrive entre ci et six semaines, il pensera ou à percer en Lusace, ou peut-être encore à opposer un corps vers Cotta. Je vous ai instruit de mes intentions, tant pour la Silésie que pour la Lusace. J'ai appris de science certaine que trois régiments de hussards marchent à Nuremberg. L'armée de l'Empire ne pourra se mettre en marche que vers le 15 d'août. Je compte alors laisser un corps à Cotta, et exécuter le plan que j'avais formé cet hiver sur Mersebourg ou Weissenfels, leur tomber à dos et les couper. Vous ferez la même chose du côté de la Lusace. Mais comme nous ne sommes pas en état d'agir offensivement de tous les côtés, il faudra que, pendant mon expédition, vous conteniez les ennemis, où vous serez, par des camps forts, jusqu'à ce que, après la fin de mon expédition, je puisse venir ou vous envoyer des secours, pour vous mettre en état d'agir offensivement; et dans ce cas, je vous recommande de ne point mettre en jeu toute l'armée, mais de vous borner à un seul point d'attaque,