<125> moi-même. J'espère que vous voudrez bien en faire votre usage, étant avec l'amitié la plus parfaite, etc.a

Je vous envoie, mon cher frère, une copie de l'Instruction de Borcke, afin que vous puissiez voir vous-même si on la suit, ou non. Je vous embrasse mille fois.b

32. AU MÊME.

(Potsdam) ce 12 (février 1753).



Mon cher frère,

Ce n'est pas par un privilége de notre famille que vous trouvez tant de fermeté dans ma sœur de Baireuth;c c'est, mon cher frère, par la philosophie qu'elle s'est élevé l'âme au-dessus des infortunes auxquelles la condition humaine est exposée. Ce sont là les vrais secours que nous tirons des réflexions, de dépouiller tous les objets de leurs attraits, et de les priser au juste; et, dans ce sens, la plupart des malheurs qui arrivent aux hommes ne sont pas aussi grands qu'ils se les font eux-mêmes. Il n'y a que la perte des personnes qu'on aime qui soit réelle et irréparable; et cependant, à ce mal même, la philosophie y apporte des secours; avec son aide et avec celle du temps, on


a De la main d'un secrétaire.

b De la main du Roi.

c Voici ce qu'on lit dans l'Éloge (inédit) de la margrave Wilhelmine, composé en 1759 par le marquis d'Adhémar, grand maître de la maison de la princesse défunte : « Un affreux incendie consuma (le 26 janvier 1753) le château de Baireuth et beaucoup d'effets précieux. Leurs Altesses envisagèrent ce triste événement comme un de ces coups de la fortune qui ne doit point abattre les âmes fermes. Leur premier soin fut de consoler leur cour, etc. »