<517>veau prosélyte me tint, que son parti était pris, et qu'il me parlait plutôt pour s'attirer mon approbation que pour se régler sur mes conseils, V. A. R. comprend bien que je ne manquai pas d'applaudir à sa sainte résolution. Nous agitâmes ensuite la manière de déclarer sa conversion. Mon avis fut qu'il ne fallait pas la déclarer tout à coup, ni se presser d'en informer le Roi, parce que cela le ferait soupçonner d'agir plutôt par des vues intéressées que par un mouvement de conscience. Il me quitta même en m'assurant qu'il suivrait mon conseil; mais son inquiétude naturelle ne le lui ayant pas permis, il en a parlé hier matin au Roi.

Il me vint dire, un moment après, qu'il l'avait fait par maintes et maintes raisons qui seraient trop longues à dire : que le Roi en avait été charmé, et qu'il ne s'agissait plus que de confier le même secret (car il prétend absolument que c'en soit un) à V. A. R., et de le lui confier de manière qu'elle ne le soupçonnât pas de faire la girouette, et d'avoir repris son ancienne religion avec la même légèreté qu'il l'avait quittée, etc., etc. Conclusion, je fus chargé d'être le porteur de cette confidence, et de tâcher de pénétrer ce que V. A. R. en penserait.

Voilà ma commission. C'est à cette heure à V. A. R. à m'ordonner, comme à son affidé Quinze-Vingt, ce qu'elle souhaite que je dise de sa part au prosélyte, à moins qu'elle n'aime mieux s'en expliquer elle-même avec lui. Le rapport naïf que je viens de lui faire de toute cette aventure lui fera apparemment comprendre ce que j'en pense dans le fond de mon cœur, et que je devine à peu près ce qu'elle en peut penser elle-même dans le fond du sien; car, s'il m'est permis de le dire, je la crois là-dessus du sentiment du grand Frédéric-Guillaume, qui ne jugeait jamais du mérite et de la probité des gens par rapport à la religion qu'ils professaient, et qui ne se souciait guère qu'on embrassât la sienne ou une autre, pourvu qu'on fût chrétien et homme de bien. Quoi qu'il en soit, j'ai prédit au prosélyte quelle