<466> roi, il lui répondit ces paroles remarquables et dignes d'être transmises à la postérité : « Un roi de France ne se souvient pas, dit-il, des offenses que l'on a faites au duc d'Orléans; » sentiment d'autant plus grand, qu'il avait le pouvoir de satisfaire à sa vengeance.

N'admirez-vous pas la constance de Philippe de Comines dans sa prison? Se voyant abandonné de tout le monde, il prit son parti généreusement, en disant : « Si je suis affligé, c'est Dieu qui m'afflige, » marquant par là la résignation que nous devons à l'Être suprême, et combien il est beau de lui sacrifier nos volontés, nos plaisirs et notre fortune, quand il nous en prive.

Du temps de Charles V, un nommé Bureau de La Rivière était chambellan de sa cour et favori de ce prince. Après la mort de Charles V, Charles VI lui avait succédé. Il se trouva de méchantes gens qui accusèrent Bureau de La Rivière d'avoir des intelligences secrètes avec les Anglais; le Roi les en crut, et fut sur le point de sacrifier ce digne sujet à l'envie de ses ennemis, si le maréchal de Clisson, homme de probité et intègre, et qui, de plus, devait l'épée de maréchal à La Rivière, n'eût eu la noble assurance de dire la vérité à un jeune roi peu accoutumé à l'entendre. Ses bonnes intentions eurent néanmoins tout le succès qu'il en pouvait espérer, et La Rivière fut reconnu innocent.

Voyez les vertus d'un sage, réunies dans Catinat avec tous les talents d'un brave guerrier; quelle modération pour un homme qui est à la tête de l'armée, qui, au premier ordre qu'il en reçoit, partage cette autorité absolue, et qui n'en sert pas moins son maître avec tout le zèle et l'attachement d'un fidèle sujet!

Je n'oserais vous citer l'exemple de quelques docteurs ou théologiens de l'ancienne Église, qui sont chez les chrétiens ce que les philosophes étaient chez les païens; car vous me diriez d'abord que ces gens sont gagés pour être dévots. Laissons donc l'Église; aussi, pour vous alléguer un exemple d'une rare vertu dans un chrétien, je n'ai