<137>Je ne sais si j'ai eu l'honneur de mander à V. M. qu'un très-habile sculpteur de l'Académie, nommé Houdon, a fait un buste de Voltaire qui est d'une ressemblance et d'une exécution parfaite. Si V. M. désirait de l'avoir, je la prie de me donner ses ordres sur cet objet, et je me ferais un devoir de les exécuter avec autant de zèle que de promptitude.

Recevez, Sire, avec votre bonté ordinaire l'assurance des sentiments vrais et profonds que j'ai voués pour toute ma vie à V. M., de la vive reconnaissance que je lui dois, de l'admiration dont je suis pénétré pour elle, et de la tendre vénération avec laquelle je serai jusqu'à mon dernier soupir, etc.

206. A D'ALEMBERT.

Le 6 juin 1779.

J'ai reçu deux de vos lettres, avec l'Éloge de quelques académiciens, et le petit ouvrage que vous avez consacré à la mémoire de mylord Marischal, dont je vous remercie. Je n'ai pas eu le temps de tout lire, parce que je ne fais que d'arriver. Mon esprit, encore tout souillé d'une bourbe mêlée de politique et de finance, doit se purifier par une ablution légale dans les eaux d'Hippocrène, avant de se présenter à la cour d'Apollon, devant les neuf Muses, et avant de méditer des ouvrages comme les vôtres. Donnez-moi ce petit délai, et j'entrerai alors en matière plus que je ne le puis à présent. Mon pauvre cerveau a été agité par des tempêtes pendant quatorze mois, les traces des arts effacées, les idées bouleversées par la multitude d'arrangements, de spéculations, de négociations et d'affaires de toute nature dont il fallait de nécessité m'occuper. Le fougueux Autan et l'impé-