<96> fruits de tous les climats, comme vous rassemblez à Berlin les sciences et les arts de la Grèce et de Rome. Ne doutez point, Sire, du vif intérêt que je prends à tout ce qui appartient à V. M. Je serai toujours dans ces sentiments, et suis avec la plus haute considération, etc.

43. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Sans-Souci, 17 juin 1765.



Madame ma sœur,

Si j'ai différé de répondre à Votre Altesse Royale, cela a été par crainte de l'importuner, car je serais bien fâché de lui dérober quelques moments de loisir que les affaires lui laissent. Cependant, comme vous daignez prendre, madame, une part si obligeante à mes infirmités, je ne puis me dispenser de vous en témoigner ma reconnaissance. Je ne saurais dire si la goutte est un bénéfice ou un châtiment; mais sais-je bien que c'est un mal très-fâcheux, et qui laisse les membres estropiés, après les avoir accablés de douleurs. C'est la situation actuelle, madame, où je me trouve; mais je me résigne, et porte mon mal en patience. C'est un tribut que tout être paye à la nature pour avoir existé un certain temps. Il y a des ressorts qui s'usent les premiers; ceux-là présagent la chute de l'édifice, et le détruisent enfin. J'aurais fort souhaité que mes jardins eussent pu fournir à V. A. R. quelque chose d'assez rare pour lui être offert. C'est à force d'industrie qu'on force notre sable aride à produire malgré lui les semailles et les fruits que les habitants en tirent pour leur subsistance; c'est ce qui empêche de pousser la culture des jardinages et des terres au point de perfection où ils se peuvent dans