<707> pucelles l'une que l'autre, et même que la Pucelle d'Orléans. Ce Dialogue m'a beaucoup diverti, et me ferait désirer beaucoup de voir un autre Dialogue en vers dont V. M. me fait l'honneur de me parler dans la lettre que je viens de recevoir de sa part. Je ne doute pas que le grand seigneur qu'on y fait parler, et la grande reine (car elle avait l'honneur de l'être) qui a l'honneur encore plus grand de se trouver dans certaine brillante généalogie, quoique un peu suspecte, je ne doute point, dis-je, que ces deux illustres interlocuteurs ne conservent parfaitement leur personnage.

J'aimerais bien mieux lire ce Dialogue que d'être occupé, comme je le suis en ce moment, des dissensions prêtes à embraser le sud de l'Europe, dont V. M. me fait l'honneur de me parler. J'ignore dans ma retraite les querelles des rois; je voudrais qu'ils fussent tous aussi pacifiques que V. M., et en même temps aussi prêts à faire la guerre; c'est le plus sûr moyen de l'éviter. Dieu nous préserve de ce fléau! Puisse-t-il au moins donner le temps à M. Turgot, notre nouveau contrôleur général, de réparer le mal que nous souffrons depuis si longtemps! On a eu raison d'en faire l'éloge à V. M.; c'est assurément un des hommes les plus instruits, les plus laborieux et les plus justes du royaume, d'une vertu à toute épreuve, et d'une probité incorruptible, dont il a déjà donné plus d'une marque depuis deux mois qu'il administre nos finances. Comme le Roi paraît aimer la justice, la vérité, les honnêtes gens, et qu'il déteste les flatteurs, les fripons et les hypocrites, j'espère qu'il prendra de jour en jour plus de confiance en cet homme éclairé et vertueux, et toute la France le souhaite pour le bonheur des peuples et pour la gloire du Roi.

On dit que ce prince va nous rendre l'ancien parlement, que son prédécesseur avait cassé. Celui qu'on y avait substitué était trop mal composé pour pouvoir subsister avec la confiance et la considération publique, nécessaires à des magistrats. Mais l'ancien avait aussi des reproches très-graves à se faire. Il faut espérer que la disgrâce