<64> un roi, sans trop insister sur les conseils qu'elle a trouvé bon de leur donner? V. M. dit très-bien que les étrangers n'ont aucun droit de se mêler de cette élection. Elle excepte, il est vrai, ceux qui ont garanti les constitutions du royaume; mais je ne connais aucune garantie de cette nature, bien que la maison de Saxe ait régné plus de soixante ans en Pologne. Quoi qu'il en soit, comme cette maison est très-résolue de ne pas tenter même de donner la moindre atteinte aux lois de la Pologne, comme elle veut tout attendre des libres suffrages de la nation, elle ne donnera point sujet à l'impératrice de Russie de se servir de ses forces; et cette princesse est trop magnanime pour user du droit du plus fort. Je sais bien, Sire, que les grands princes ne plaident pas leurs causes devant des tribunaux; mais ceux qui aiment la véritable gloire respectent le public et la postérité. Les princes mes beaux-frères ne craignent pas de se compromettre ici dans une lutte dangereuse. Si la nation polonaise appelle l'un d'eux au trône, qui pourra le blâmer de se rendre à ses vœux dans ce cas? J'ose espérer encore que V. M., assurée de trouver pour elle-même dans ce prince tous les sentiments d'un bon voisin, voudra bien les garantir de sa part à l'impératrice de Russie. Il m'est impossible de deviner pourquoi cette souveraine ne pourrait pas revêtir à notre égard des sentiments favorables; et, lorsque V. M. trouvera bon de m'expliquer ce mystère, je lui en aurai beaucoup d'obligation. Je vous dirai, Sire, avec effusion de cœur que les vertus du Prince administrateur, et ses procédés envers moi, m'attachent tendrement à lui, et que je m'estimerais heureuse, si je pouvais lui procurer l'appui de V. M. Je me repose sur les assurances d'amitié qu'elle a bien voulu me réitérer si souvent, et, de mon côté, je lui prouverai la constance du parfait attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.