<628> foudroie les charlatans sacrés et profanes, ces maîtres d'erreurs payés pour abrutir la nature humaine, et les détracteurs des sciences,a autre espèce de charlatans non moins dangereux, et hypocrites d'une autre espèce, aussi méprisables que les premiers.

Je n'ai pas lu avec moins de plaisir et d'admiration le cinquième chant du poëme contre les confédérés. Je devrais peut-être néanmoins demander merci à V. M. pour les pauvres Velches mes compatriotes, dont elle célèbre si plaisamment la gloire et les exploits à Rossbach, à Créfeld, et ailleurs.b Mais, Sire, la part qui me revient de cette gloire ou de cette honte est si petite, que je ne cours pas après, et que j'en fais les honneurs à qui voudra. Comme je n'ai pas l'avantage ou le malheur d'être ni ministre, ni général, je les laisse jouir en paix de ce qu'ils font; je ne prétends rien ni aux lauriers qu'ils cueillent, ni aux coups d'étrivières qu'ils reçoivent; et quelque chose qui leur arrive, je ne leur dirai jamais : J'en retiens part, comme disent les mendiants aux gueux de leur espèce qui trouvent et ramassent quelques guenilles dans la rue.

Au reste, j'avouerai, Sire, que le plaisir que me donnent vos vers et votre prose, quelque grand qu'il soit, n'est pas plus vif que celui que je ressens à un article de la lettre que V. M. m'a fait l'honneur de m'écrire. Elle m'y annonce la paix comme prochaine. Toute l'Europe en fait l'honneur à V. M., et cette circonstance de sa vie n'en sera pas la moins glorieuse.

Le poëme du pauvre Helvétius sur le Bonheur est resté imparfait à sa mort. Cependant on assure qu'il sera imprimé, même dans cet état d'imperfection. On dit même qu'il est actuellement sous presse en Hollande; V. M. pourra aisément en savoir la vérité.

Depuis un mois, j'ai acquis, Sire, une dignité nouvelle, celle de secrétaire de l'Académie française; cette place demande plus d'assi-


a Allusion à l'ouvrage de Rousseau cité ci-dessus, p. 488.

b Voyez t. XIV, p. 255 et suivantes.