<621> et, s'il se pouvait, la leur propre; mais je n'en ai que trop dit aujourd'hui. Sur ce, etc.

110. DE D'ALEMBERT.

Paris, 3 mars 1772.



Sire,

La lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, en date du 26 janvier dernier, ne m'est parvenue que le 21 du mois dernier, la malheureuse goutte dont V. M. a été attaquée ne lui ayant permis de signer cette lettre qu'au bout de trois semaines. J'aurais eu l'honneur d'y répondre sur-le-champ, si, dans le temps où j'ai eu le bonheur de la recevoir, je n'avais été attaqué moi-même d'une espèce de goutte à la tête, ou, pour parler plus proprement, d'un rhumatisme dans cette partie, qui m'interdisait et le sommeil, et la plus légère application.

Les vers charmants que V. M. a eu la bonté de m'envoyer n'étaient pas propres, Sire, à guérir mon insomnie; ces deux nouveaux chants me paraissent ne céder en rien aux deux précédents. J'ai été surtout charmé de la peinture de l'Église catholique dans le troisième, et de l'alliance qui en résulte des très-catholiques confédérés avec le très-chrétien Mustapha. Dans le quatrième, la délivrance que la sainte Vierge Marie procure aux confédérés assiégés en s'adressant à son fils est une imagination vraiment plaisante et poétique. Mais ce qui me plaît surtout de cet ouvrage, Sire, c'est que nulle part l'imagination n'y fait rien perdre à la raison, que jamais elles n'ont été si bonnes amies, et que V. M. sait partout mêler, suivant le précepte