<607> vous faites une œuvre méritoire d'admonéter Voltaire sur ce tas d'injures usées qu'il répand et sur Maupertuis (qui ne les avait pas méritées), et sur tant de gredins de la littérature qu'il tire par là de l'oubli où probablement ils croupiraient à toute éternité. Je conclus de la conduite de Voltaire que, s'il était souverain, il serait avec tous ses voisins à couteaux tirés; son règne ne serait qu'une guerre perpétuelle, et alors Dieu sait de quels arguments il se servirait pour prouver que la guerre est l'état naturel de la société, et que la paix n'est pas faite pour l'homme. Les passions, ingénieuses à se déguiser, se servent souvent de la dialectique pour plaider leur cause. On ne veut point convenir qu'on a tort, on appelle la raison à son aide, et on lui donne la torture pour qu'elle paraisse autoriser notre conduite. Si, convaincu du mal que ces passions occasionnent, quelque docteur atrabilaire, en s'échauffant, voulait anéantir ces passions autant qu'il est en lui, il nous précipiterait dans une autre extrémité; il ferait d'un homme animé un automate stupide, un être sans ressort. Ainsi, à tout prendre, il faut laisser les choses telles qu'elles sont, se procurer du pain quand il est rare, déterrer l'argent quand il en faut, crier sur la place : Crédit! crédit! laisser faire la guerre à ceux qui ne veulent pas de la paix, souffrir que de soi-disant philosophes impriment des injures, et se contenter d'avoir la paix dans sa maison. Sur ce, etc.