<594> sur-le-champ, et je prends la liberté d'envoyer à V. M. en original la réponse qu'il m'a faite. J'ai le plus grand regret de n'avoir pas réussi; je puis, au reste, satisfaire en partie V. M. sur ce qu'elle désire de savoir du genre de ces fables. Elles sont plus dans celui de La Motte que des autres fabulistes, mais mieux écrites et avec plus de goût.

Je suis très-flatté de l'approbation que V. M. a la bonté de donner aux deux petits ouvrages que j'ai eu l'honneur de lui envoyer. Elle me paraît préférer le dialogue au discours, et je n'ai garde d'appeler de son jugement; cependant je prendrai la liberté de lui dire que le discours m'est beaucoup plus cher que le dialogue, et je voudrais bien que V. M. devinât par quelle raison.

Quant à notre petite controverse ou discussion métaphysique, il me semble qu'elle est épuisée, et qu'il serait fastidieux d'en ennuyer davantage V. M.; je vois que, tout bien pesé, il s'en faut bien peu que je ne pense tout à fait comme elle, et que si j'en diffère encore, ce n'est qu'autant qu'il le faut pour l'honneur de l'obscurité métaphysique. L'essentiel, comme le remarque très-bien V. M., c'est de sentir et de convenir que notre faible intelligence ne voit goutte en ces matières, et de ne pas surtout vouloir soutenir par les bourreaux et les bûchers ce qu'on a tant de peine à étayer sur de frêles arguments. La philosophie pourrait bien éprouver en France ce malheureux sort, si, comme on nous en menace, les jésuites y sont rappelés. Le parlement qui les avait chassés vient d'être chassé à son tour; il n'était guère plus tolérant qu'eux et plus favorable à la philosophie; mais la cohorte jésuitique, si elle revient en France, joindra la fureur de la vengeance à l'atrocité du fanatisme, et Dieu sait ce que la philosophie deviendra.

Je joins mes regrets à ceux de V. M. sur la mort du pauvre marquis. On ne peut apprécier son mérite littéraire avec plus de justice et de justesse que ne l'apprécie V. M. dans ce qu'elle me fait l'hon-