<58> madame, que V. A. É. entre dans tout mon embarras, et que, à moins qu'elle ne fasse prendre d'autres sentiments à l'Impératrice, elle n'exigera pas de moi que je me brouille infructueusement avec un voisin qui mérite de moi les plus grands égards.

Tout ceci est une suite de la conduite que le comte Brühl a fait tenir au défunt roi de Pologne relativement aux intérêts du prince Charles, et V. A. É. se souviendra que je lui ai souvent représenté le préjudice qui lui en reviendrait.

Je souhaite, madame, qu'il se présente d'autres occasions où je puisse prouver à V. A. É. la haute estime et considération avec laquelle je suis, etc.

13. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 11 novembre 1763.



Sire,

La lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, en date du 3, ne me rebute point encore. J'aime à me flatter de votre amitié, Sire, et je ne renoncerai pas facilement à l'espérance que vous m'en donnerez une marque réelle dans une affaire qui m'intéresse si fort. Personne n'a plus d'ascendant que V. M. sur l'esprit de l'impératrice de Russie; servez-vous-en, Sire, pour la déterminer en notre faveur. Nous vous aurons la plus grande obligation. Je conviens de bonne foi que vous avez raison de ménager cette princesse, et même de cultiver son amitié; mais pourquoi nous serait-elle si absolument contraire? Elle ne peut ignorer que ni mon époux, ni moi, n'avons pas eu la moindre part aux conseils qui peuvent avoir été donnés au feu roi. Qu'a-t-elle à craindre de nous? Si l'affaire de la Courlande lui