<429> rien. V. M. a ignoré cette découverte ou cette vision, parce qu'elle avait alors affaire à d'autres satellites et à d'autres Vénus. Elle me fait trop d'honneur de vouloir faire baptiser en mon nom cette nouvelle planète; je ne suis ni assez grand pour être au ciel le satellite de Vénus, ni assez bien portant pour l'être sur la terre; et je me trouve trop bien du peu de place que je tiens dans ce bas monde, pour en ambitionner une au firmament. Si l'on découvre un jour quelque satellite à Mars, je sais bien quel nom je lui destine, celui du meilleur des généraux de V. M. A l'égard de Mercure, s'il parvient jamais à l'honneur d'un satellite, plus d'un maltôtier ou d'un courtisan nous fournira des noms de reste; mais ce dieu a déjà trop de satellites en terre, pour se soucier d'en avoir ailleurs.

Ce maudit prêtre, dont on m'avait dit tant de bien, aime mieux rester dans je ne sais quel village que d'aller enseigner l'éloquence à des hérétiques. M. l'abbé d'Olivet m'a promis de faire tout ce qui dépendrait de lui pour y suppléer par un autre sujet, et pour répondre aux désirs de V. M.; il ne veut envoyer qu'un maître excellent, et digne de la place importante que V. M. lui destine. S'il n'était question que d'un professeur médiocre, le choix ne nous embarrasserait pas; mais V. M. ne veut pas et ne mérite pas qu'on la trompe.

Je prends la liberté, Sire, de joindre à cette lettre l'écrit que V. M. m'a fait l'honneur de m'envoyer; j'y ai fait de légers changements, que je prends aussi la liberté de lui proposer. Ces changements se bornent à une addition d'une demi-ligne, à quelques mots substitués à d'autres, et à quelques retranchements en très-petit nombre, qui, ce me semble, rendront l'ouvrage plus serré, sans lui rien ôter de sa force. J'ai conservé d'ailleurs presque partout les pensées et les expressions; je n'ai peut-être été que trop sacrilége en touchant au reste.

V. M. me compare aux rois de Perse, qui cherchent, pour se faire valoir, à se dérober aux regards humains. Je ne répondrai point à